
Propagation III
Alice Vivancos
Série de cyanotypes sur rouleau de papier 320 x100 cm,
Biscarrosse (40), France, 2020
Le projet Propagation III s’inscrit dans la continuité de productions élaborées au second semestre de master 1. Cette version de propagation, comme les précédentes, est une réalisation à base d’un procédé photographique appelé cyanotype, mise en scène sur un large format papier. Pensée telle une vraie arborescence graphique, cette production fait écho aux travaux d’une botaniste du XIXe siècle, Anna Atkins, et en particulier à l’ouvrage Cyanotypes of British and Foreign Ferns1 . Dans le cadre de l’exposition Hécatombe à […], je poursuis ma recherche plastique à base de cyanotypes, en faisant le choix de proposer une production homologue à Propagation II. Cependant, il s’agit ici d’un propos inverse. Au lieu d’utiliser la croissance comme motif de production et d’impression, l’idée est d’apporter une impression de dévitalisation.
La définition du nom « hécatombe » relève, entre autres, l’expression du sacrifice d’un grand nombre de bêtes. En m’appuyant sur cette idée, j’associe le terme hécatombe avec le motif végétal et plus particulièrement avec le travail autour d’un écosystème, présent dans la vie organique des arbres ainsi que des forêts.
Les arbres sont étudiés mais aussi exploités et envoyés au sacrifice, tels des animaux, afin de subvenir à nos besoins de production et d’énergie. Ce grand abattage de végétaux et d’organismes, nés pour finalement être tués, me laisse penser qu’il s’agit également d’une forme d’hécatombe. Ainsi, dans la structure de l’exposition, les propos avancés ne se limitent pas à une simple réflexion sur le passage de la vie à la mort, mais plutôt comme une forme d’hommage et de reconsidération du végétal, afin de transformer celui-ci en une expression visuelle et un objet plastique.
Mon intérêt s’est centré sur les débris végétaux, ramassés à même le sol, à l’état de décomposition. Le but est de révéler la beauté dans le moribond et la dévitalisation des végétaux. Le procédé photographique crée des motifs bruyants, à plusieurs temps d’insolation, qui renvoient une double proposition de plan dans une même image, ce qui donne une mouvance graphique ainsi qu’une temporalité qui évoque le passage à la mort. Le cyanotype représente une forme d’engagement poétique dans la production d’images, et devient une réelle ré-interprétation des processus naturels présents dans la physiologie végétale.