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Mille milieux

Depuis toujours, l’homme s’approprie la nature. On sait qu’il n’existe que très peu d’eau non polluée ou de terre à l’état originel. Les catastrophes industrielles, les tests nucléaires, les pluies diluviennes, les méga-feux, les marées noires, l’impact carbone, les mines de charbon, les usines de désalinisation, internet, la création de plastique, l’approvisionnement en carburant… Notre environnement est mis à mal : nous pourrions faire des listes de gestes néfastes.

 

Bien trop souvent, les priorités gouvernementales et économiques se positionnent pour la productivité au détriment de l’impact écologique que cette productivité peut avoir. L’horloge tourne et la dégradation s’accentue. Les initiatives positives restent souvent isolées et ont peu d’impact. Nous sommes enfants du présent, de l’instant ; les yeux faces au monde, nous observons ce qui se dit être « culture », « société civilisée », et pourtant, la définition commune ne s’accorde pas avec ce que nous ressentons.

 

Nous appelons à un regain d’intérêt pour la Nature, c’est-à-dire, tout ce qui se trouve être naturel, vivant : notre corps, notre sol, notre air, notre eau, rien ne doit être épargné, laissé à l’abandon, sali, pollué. La prise de conscience à l’échelle mondiale est tout ce dont a besoin notre Terre. Nous sommes face à une utopie probablement irréalisable dans un monde où l’argent et le profit règnent. L’Homme, à mesure qu’il s’éloigne de son être, de son corps, de sa mortalité, s’éloigne éminemment de son environnement, du bien-être de sa sphère vitale. Notre conscience doit être collective, créative et respectueuse. L’Humanité doit se questionner sur son devenir et son évolution dans un environnement sain.

 

Gandhi disait : « On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux » L’homme ne doit-il pas reprendre sa place de mammifère, à la même échelle que sa condition animale ? Revenir à nos besoins primaires ? Qu’est-ce que la Terre nous donne à manger ?  La pollution des eaux, des sols nous font douter quant à la certitude d’une production biologique ; de même, l’ingestion par les animaux des farines animales est source de maladies. Comment prendre soin de l’autre et de soi ? Pour beaucoup, même le désir d’enfant s’estompe par peur, par culpabilité. D’ailleurs, nous vivons dans un monde où le stade de l’enfance se retrouve peu à peu diminué : nier notre humanité, vouloir l’enrayer, en stopper la progression passe par une destruction.

Pour survivre décemment, l’être humain a besoin d’un cocon, d’une intimité, d’un confort afin de se protéger physiquement. 

Toutefois, l’industrialisation du béton armé amena les architectes, les promoteurs à construire des logements bon marché. Les finalités sont une économie de moyens et de temps en utilisant des formes simples, premières,  « cages à poules ». Il semble que l’homme s’enferme, se cloisonne. De plus, la prolifération du monde occidental entraîne avec elle une vague destructrice de junkies, de sans-abris et de familles en difficultés relégués dans des squats ou des hlm. Dans la mesure où nous estimons qu’il est possible de vivre décemment dans un pays tel que la France, pourquoi certains n’ont-ils pas accès au même niveau de vie que nous ? Au même confort ? Pourquoi sont-ils obligés de fuir ?

 

Cependant, la conquête de l’espace traduit cette envie de l’Homme à chercher plus de spatialité qu’il n’en a. Alors qu’on détruit notre planète, nous cherchons à investir Mars : pourquoi ne pas prendre le temps de comprendre ce qui nous entoure ? Le positionnement de ces artistes est clair, ils orientent notre regard sur ce que nous avons, ce qui nous entoure, ce qui nous protège, ce qui nous constitue, ce que nous sommes en tant que substance bien au-delà de simples animaux sociaux. Dresser les murs porteurs d’une société égalitaire ne devrait pas en passer par la destruction des fondations sur lesquelles elle s’appuie.

 

La préservation de la nature entre dans la mise en action d’Alice Vivancos. Elle utilise la technique du cyanotype- insolation photographique, au moyen d’une solution sensible à la lumière - et positionne différents végétaux collectés afin d’en capturer leurs traces et contours. La question du motif est également soulevée par la répétition du geste. Nativa Pasquali interroge le processus de destruction inhérent à la vie tel que le processus d’apoptose. Elle imagine une pièce où la vie naît de l’annihilation par l’implantation d’un germe. La suffocation des êtres fait débat dans le travail d’Eline Bonamy. La production de Liam Moniez adopte une position satirique. Il met en cause notre rapport au vivant et le manque de considération manifeste dont nous faisons preuve. Death’s Row est un jeu vidéo qui nous invite, avec noirceur, à tuer des animaux à l’aide d’objets. Il nous propose une mise en action virtuelle de notre surconsommation. Le travail de Sarah Marin s’appuie sur une observation du temps et de l’environnement qui l’entoure projetant ses introspections sur un geste répétitif de récolte pollinique, flirtant avec l’impossible. Enfin le travail d’Arnaud Barde s’interroge sur le terme sacrifice, fait de rendre sacré. La présentation d’un arbre à l’horizontale vient symboliser un autel cérémoniel renvoyant à un univers écologique en proie au sacrifice des forêts, véritable hécatombe environnementale.

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