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Altar

Arnaud Barde

Arbre mort (Aubépine - Crataegus monogyna) de 210 cm

Pessac (33), France, 2020

S’articulant autour de l’étymologie du mot « hécatombe », cette pièce cherche à mettre en avant la notion de « sacrifice »  en tant que « fait de rendre sacré* ». Elle utilise pour cela un autre mot appartenant lui aussi au champ lexical du mot « hécatombe » et plus précisément du « sacrifice », à savoir, « l’autel ».

 

L’autel désigne une « table exhaussée sur lesquels on déposait les offrandes à la divinité, on offrait les sacrifices aux dieux**». Ce mot provient du latin altar étymon du mot italien altare signifiant à la fois « élévation » et « profondeur», deux états de fait qui se donnent à voir ici par la présence d’un arbre, représentant à lui seul cette idée d’élévation (les branches) et de profondeur (les racines). Le sujet « arbre » devient alors un autel en soi. Placé à l’horizontal de telle manière à reprendre cette idée de « table sacrée » dans l’imaginaire collectif.


Renvoyant par là même à tout un univers écologique de « sacrifice » des forêts - quelles soient tempérées, méditerranéennes ou tropicales - véritable hécatombe environnementale. Cette pièce plasticienne cherche à interroger l’être humain quant à la destruction de grands massifs forestiers ainsi que l’acte en lui-même d’abattage d’un arbre, à l’échelle mondiale comme à celle d’un simple jardin. Et met en regard ce que d’aucuns considèrent comme un végétal ordinaire avec tout un univers dit « sacré », rendant le sujet « arbre » extraordinaire.

*GAFFIOT Félix, Dictionnaire latin français, Paris, Éditions Hachette, 1934, « sacrificium » p. 1379

**« Autel », CNRTL, [en ligne] URL :https://www.cnrtl.fr/definition/Autel (consulté le 31 mars 2020)***JONES Prudence, PENNICK Nigel, Une histoire de l’Europe païenne, Paris, Éditions Dervy, 2019, p. 139

****GIONO Jean, Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, Genève, Éditions Héros-Limite, Coll. « Feuilles D’herbe », 2013, p. 7-8

Convoquant, par sa seule disposition horizontale, tout un arrière-monde folklorique lié aux pratiques rituelles païennes (du latin paganus « rural », « de la campagne ») de vénérations et d’hommages à la Terre. En effet, les Celtes pratiquaient leur culte dans des bosquets sacrés, sans aucune forme de temples pour abriter les représentations de leur divinités, leurs rites ou leurs célébrations***. La canopée des arbres était leur seul toit et protection. Rappelant ici que l’arbre était à cette époque et pour ce peuple un élément essentiel, pour ne pas dire vital, à leur vies quotidiennes, bien loin de nos considérations actuelles. Faisant écho, de nos jours, à une certaine logique « naturelle » - notamment du monde paysan - s’opposant à la logique superficielle des grandes industries dominantes.


Comme l’a si bien écrit Alexandre CHOLLIER en parlant de Jean GIONO : « Et pourtant, en parlant aux paysans, GIONO sait qu’il parle de choses humaines valables pour tous. Il sait qu’en comparant le paysan à un arbre, il enracine notre pensée dans une terre qui, bien que travaillée par un être et une vie, demeure commune à tous et à toutes vies.****».
 

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