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Chutes

Constance Huard

Crayon graphite, fusain sur papier blanc

Bordeaux (33), France, 2020

Les corps s’entrechoquent, se délitent et viennent interagir avec l’espace indéterminé et suspendu de la feuille blanche au format monumental de 1m par 1m50.  Les figures surgissent telles des visions anecdotique et ne se laissent appréhender que succinctement. S’agit-il de mutilations ou bien de corps en action qui, chutant trop rapidement, deviennent invisibles ou bien encore d’apparitions fantomatiques ? Toutes ces questions resteront sans réponses. La seule chose dont on peut être sûr, c’est que nous faisons face à un espace éclaté soumis à un va-et-vient permanent entre la figuration et l’abstraction se muant parfois l’un dans l’autre. Ces fragments de corps, travaillés par un traitement dense en valeur de noir et de gris,  rythment la composition dans leur apparitions en tranchant radicalement avec les espaces de réserve de la feuille blanche. Une narration semble se mettre en place dans l’espace indéterminé mais circonscrit de la feuille blanche.

 Le regard circule dans une composition serpentine entre les figures qui se répondent. Des corps pris dans la tourmente en proie aux éléments, semblent  tomber et se débattre inlassablement.  Ici il s’agit d’une libre interprétation du terme d’hécatombe, exprimée dans une veine figurative voir illustrative et pouvant se passer de discours. On peut y voir cependant des accointances avec l’idée et la figure d’un corps désacralisé et réaffirmé dans toute sa vérité. Cette désacralisation du corps apparue au réveil de la Seconde Guerre mondiale, dont Francis Bacon fut une des figures de proue dans la représentation expressive de ces corps, mutilés et criants, présentés qui plus est dans un espace circoncit, entrant involontairement en résonance avec ma pratique. Depuis sa découverte au début de mes études d’art, ses oeuvres comme celles d’Egon Schiele ont été déterminantes et n’ont cessé de me talonner.

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