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A lune, ils sont

Emilie Ramisse et Pénélope Pillas

Vidéo (sculpture en béton, sound experience, pigments, auto-photo-flash)

St-Bonnet (19), Pleuville (16), France, 2020

En hommage à Victor Erice et son oeuvre vidéo Stone and Sky, nous invoquons une forme de spiritisme, d’ésotérisme. Au fil de la nuit, la stèle creusée du sculpteur Jorge Oteiza dessine les différentes phases de la Lune. Placée au haut d’un sommet, le mont Agiña, elle a pour vocation d’évoquer la mémoire d’un homme, le compositeur et musicologue Aita Donostia (José Gonzalo Zulaika ; San Sebastián, 1886 – Lekaroz, Navarra, 1956)*. Le site est associé à des rites, des objets ancestraux : « certaines études suggèrent également que les cercles de pierres pyrénéens représentaient en fait des étoiles et des constellations, ce qui en fait les restes d’une religion astrale préchrétienne. »

Pénélope exerce un traitement du son comme créateur d’images. Ici, il s’agit de réaliser une mélodie en rapport avec le travail artisanal, ouvrier, technique qui contraste avec l’évocation naturelle. Par la vibration, les pigments se déplacent, dansent, dessinent une sorte de transe. Dans l’oeuvre d’Erice, la musique prend une place importante. D’ailleurs,  Luis Vallet décrit la finalité de sa chapelle de béton ainsi : “donner le sentiment de condenser et de rassembler tous les sons et la musique de la nature basque”. Cette chapelle est érigée en béton armé, « un matériau de notre époque aussi impérissable que les matériaux néolithiques » ;

Notre propos se détache de la référence dans la mesure où, dans un environnement bétonné, industriel, la présence d’un bénitier semble incongru. Le « bénitier » bétonné rappelle la force mémorielle de cette stèle, toutefois, sa localisation n’est pas naturelle. Émilie travaille autour de la manipulation du béton ; il est souvent symbole d’idées solides mais emprunt d’une fragilité moderne. 

Ici, il s’agit de rendre hommage à la Lune, aussi appelée Hécate, dans la mythologie grecque. À Lune, ils sont, est aussi un prétexte pour évoquer notre dévotion à la Nature. Beaucoup ne se rendent pas compte de leur place privilégiée sur Terre ; même, on pense déjà à en investir une nouvelle. Sans notre environnement, sans l’astre solaire, ne perdrons-nous pas nos repères vitaux ? Une petite lune a été découverte le 2 mars 2020 ; ne régit-elle pas d’autres phénomènes sur notre planète ?  Ne faudrait-il pas d’abord comprendre les êtres qui nous entourent  ?

Cela semble passer par un épiphénomène anodin mais pourtant jamais résolu : l’égalité entre la femme et l’homme. La femme donne vie : elle est éminemment liée à la fertilité. Pourtant, certains hommes veulent contrôler l’enfantement, c’est le syndrome de Frankenstein.

La femme se voit contrainte de porter l’enfant, d’utiliser une contraception, de supporter toutes les souffrances ; à deux corps différents, douleurs étrangères. Il réside une complexité des corps : chacun ne se rend pas compte de la douleur psychique ou physique d’autrui. 

D’ailleurs, le corps de la femme fut diabolisé très tôt : Hécate est une figure sombre, proche des morts et c’est une femme. La féminité et les droits des femmes furent impactés par ces croyances. Toutefois, Hécate reste un symbole de puissance féminine. Il semble même étonnant temporellement qu’une femme soit représentée sous forme divine. 

Certaines croyances veulent croire que la femme est impure et sale. Prenons l’exemple de l’assassinat de Rosa Almanza, dans les années 90 : sa propre mère fait subir à sa fille, non réglée, un exorcisme sanglant  pensant que celle-ci était enfantée par un démon.

 

Nous souhaitons revenir à des croyances saines pour l’homme et son esprit. Nous sommes conscientes de l’influence lunaire sur les cycles menstruels. Et nous savons qu’énormément de croyances se basent sur des faits réels mis en récit : le déluge se retrouve dans de nombreuses mythologies, puisque inspiré de  la perte des eaux.

On observe un phénomène d’industrialisation des croyances. Ce sont ces cercles, ces communautés qui vivent toujours dans un passé arriéré, croyant. À une époque où on ne sait plus qui croire, beaucoup tombent dans le piège sectaire. Kader Attia, avec les inclinaisons de Concrete blocks, parle de ce rapport néfaste, toxique à la religion. Enfermés dans leurs idées de béton, ces individus croient détenir une vérité absolue. 

À notre époque, on n’évalue pas assez la frustration sexuelle qu’ont pu provoquer l’Église, les sectes, les homo-thérapies, etc. Comment est-il  possible encore aujourd’hui, qu’une femme soit excisée ? Comment peut-on se vanter d’être « civilisé » ?

*ERICE Víctor, “Stone and Sky, Video installation by Víctor Erice, ROOM 32” (en ligne depuis le 13 novembre 2019) : https://www.museobilbao.com/in/exposiciones/stone-and-sky-278 [consulté le 24 mars 2020]

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