
Confort hydrique
Marie Degang
Écrans (tablette, téléphone, ordinateur), vidéos en ligne (reportage), salle de bain, eau, 6 mètres
Bordeaux (33), France, 2020
Avec cette installation, je questionne les limites de notre confort. Je retranscris ceci dans un décor familier, une salle de bain occidentale, classique, remplie d’objets. Si cette exposition avait été physique, j’aurais alors installé les éléments majeurs d’une salle de bains, tels que le lavabo, un porte-serviettes, une douche, etc. Ici, je me sers d’une salle de bain réelle pour illustrer mon projet. Une vidéo tourne en boucle sur des écrans disposés un peu partout. Il est alors presque impossible de ne pas la voir dans son champ de vision. Cette vidéo est une accumulation de passages, de reportages, d’informations, etc. Les scènes choisies sont toutes sur le même thème : le manque d’eau. L’eau est une ressource limitée, un besoin primaire auquel tout le monde n’a pas accès. Cette ressource est présente dans l’alimentation, l’hygiène et l’agriculture. Mais elle est malheureusement mal répartie sur la planète. Des crises de l’eau apparaissent dans de plus en plus de pays et le jour zéro approche pour des capitales en voie de développement comme Pékin ou Mexico. Outre le manque d’eau, on fait également face à une vraie pollution de cette ressource. L’eau est un privilège que l’on a tendance à oublier dans notre confort. Elle est, dans notre société occidentale, si accessible qu’on en oublie notre chance d’en disposer et sa rareté
Je souhaite confronter le spectateur à l’extérieur de son habitat. Il est alors dans une sorte d’impuissance face à cette frénésie d’images réelles montrant ce fléau. Avec cette installation, je mets en place un parallèle entre le confort et l’inconfort.
En plaçant le spectateur dans une reproduction de salle de bain, je le place dans un environnement familier : le confort. La diffusion des images dans cet environnement est là pour amener l’inconfort. La même vidéo tournant sur tous les écrans produit un brouhaha mêlé au bruit de l’eau de la douche qui tombe. L’observateur est alors dans une vraie cacophonie qui déstabilise et dérange. Il est difficile de se concentrer sur un seul élément et de ne pas se faire submerger par cet environnement envahissant. Il est passif devant les événements qui s’enchaînent devant lui. Le montage est réalisé comme si une entité invisible était maîtresse de la télécommande et changeait de chaîne en permanence faisant défiler le festival de réalités poignantes. Il est plus simple de rester dans son confort que d’agir. L’invisible me fascine et j’aime mettre en avant ce que la plupart des gens, préfèrent ignorer de notre humanité.
Hécatombe à [..] est un moyen de rendre hommage à cette ressource naturelle non renouvelable, que l’on pense presque acquise, dans notre société. Le manque d’eau produira une vraie hécatombe, sa pollution également. Mettre en avant notre chance face à cette crise hydrique permettra, je l’espère, de faire réfléchir sur notre rapport à l’eau et à sa gestion.